mardi 15 mars 2016

Les célèbres mots de César et la Rhétorique d’Aristote

Il s’agit de deux observations d’Aristote sur l’asyndète et, tel est le paradoxe des rapports historiques, d’une double explication qui peut être exprimée avec ou sans conjonction : d’Aristote expliqué par César et de César expliqué par Aristote.
Voici la première observation : « Il en va de même des phrases en asyndètes : « Je vins, je le rencontrai, je lui présentai ma requête ». Il est nécessaire de varier ces mots par l’action ; il ne faut pas les débiter comme une chose unique, les dire avec le même caractère et le même accent. Les phrases en asyndète présentent en outre une particularité : il semble qu’en un temps égal on ait dit beaucoup de choses ; car la conjonction fait un bloc de plusieurs choses, en sorte que, si on la supprime, il est clair que l’effet contraire se produira, et qu’au lieu d’une chose unique, il y en aura plusieurs. L’asyndète implique donc amplification : « je vins ; je parlai ; je suppliai » (cela semble plusieurs choses) ; « il a dédaigné tout ce que j’ai dit ». »[1]
La deuxième observation constitue la fin même de la Rhétorique d’Aristote, sa conclusion : « A la fin du discours convient la phrase en asyndète, pour que ce soit une conclusion, non un développement : « J’ai dit ; vous avez entendu ; vous possédez la question ; jugez. »[2]



[1] Aristote, Rhétorique, 1413 b 29-34, 1414 a 1, Tome Troisième, Livre III, texte établi et traduit par Médéric Dufour et André Wartelle, Paris, Société d’Editions Les Belles Lettres, 1973, p. 75.
[2]Ibid., 1420 b 2, p. 97.

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